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LA FONDATION DU SAINT TEMPLE

Le fondation du Saint Temple

speculative mason

Introduction aux Extraits de la correspondance de Clement Sretton (V) 

(The Speculative Mason, Vol. XLIV, Third and Fourth Issue 1953)

 

1 – L’orientation

2 – Le Sacrifice et la Croix

L’orientation

         Dans ce numéro, nous publions des extraits des lettres décrivant la Cérémonie Annuelle de Fondation de la Guilde des Maçons Opératifs (1). Comme le drame de la mort, il s’agit d’une représentation dramatique d’événements que la tradition de la Guilde fait remonter au Saint Temple du Volume de la Loi Sacrée [V.S.L. Volume of the Sacred Law] mais, comme dans le premier cas, les principaux événements commémorés ne sont pas relatés dans les Livres des Chroniques ni des Rois, de sorte que le rituel n’est clairement pas une simple dramatisation de l’histoire biblique, mais plutôt ce qui est manifestement un rituel ancien spécifiquement maçonnique incorporé dans le cadre historique du Temple Salomonien

      Ce qui est dérivé de la Bible ce sont les mesures sacrées et l’orientation du Temple. C’est très important.

        Cette orientation était vers l’Orient, c’est-à-dire solaire ; le Saint des Saints situé à l’Occident faisait face au soleil levant ; l’élément solaire est très clairement mis en évidence dans la cérémonie de la Guilde.

     La tradition de la Guilde souligne également le rôle important joué par les étrangers, c’est-à-dire les Tyriens et les Égyptiens dans la réalisation de l’entreprise de Salomon, car le peuple juif, étant à l’origine nomade, n’était donc pas un peuple bâtisseur. La Guilde va plus loin que le Volume de la Loi Sacrée en déclarant que Salomon a reçu son initiation maçonnique de Pharaon ; ce lien avec l’Égypte reçoit le soutien d’anciens manuscrits qui décrivent comment « la géométrie qui est la maçonnerie », a commencé en Égypte. Ceci est historiquement correct car en raison des inondations du Nil et de l’effacement consécutifs du marquage au sol (landmarks), la géométrie et son application à l’arpentage étaient d’une importance primordiale dans la civilisation de la vallée du Nil.

        Ce sont les peuples cultivateurs et donc sédentaires qui développent l’art de bâtir et leur conception juridique et religieuse diffère nécessairement de celle des nomades ou des tribus pastorales telles que les Juifs et les Arabes.

         Dans cette correspondance, il est souvent fait référence à l’importance attribuée à l’Égypte et à Babylone, toutes deux remarquables pour leurs ouvrages de construction ; dans la Tradition Maçonnique, le point de convergence des influences, égyptienne, babylonienne et hébraïco-cananéenne, étant le Temple de Salomon à Jérusalem.

        À cet égard, il semble que le roi Salomon ait joué un rôle particulier par rapport à son propre peuple, mais aussi par rapport aux cultures [i.e. formes traditionnelles] environnantes, en construisant un Temple et en fondant un centre spirituel et un oracle à Jérusalem à la Gloire du Seigneur, Gloire qui a été reconnue par les Égyptiens, les Tyriens et les Jérusalémites.

      À la lumière de ces traditions, les conclusions auxquelles est parvenu M. Hollis dans un essai sur « Le culte du soleil et le temple de Jérusalem » (2) présentent un intérêt particulier.

       Dans celui-ci, il fait remarquer que la civilisation cananéenne dont les Hébreux étaient les héritiers a fortement été marquée par des éléments de mythe et de rituel solaires dérivés de sources égyptiennes, et en cette autre composante de la civilisation cananéenne qu’est la civilisation babylonienne, le mythe et le rituel du Dieu-Soleil ne manquent pas non plus.

         Le Dieu Soleil  ou  était prééminent dans la religion égyptienne et le grand centre de son culte était la ville d’On (Anu), connue des Grecs sous le nom d’Héliopolis. Pour citer le Dr Hollis : « Les tribus hébraïques, ou du moins certaines d’entre elles dont Benjamin, ont vécu en Égypte c’est-à-dire à proximité immédiate des Temples consacrés au rituel du Dieu-Soleil, pendant plusieurs siècles, et il est significatif que ce soit sur le territoire de la tribu de Benjamin que le Temple du Roi Salomon ait été construit. Cette tribu de Benjamin semble avoir été connue plus tôt sous le nom de Ben-oni (en référence à la ville d’On, la ville du Dieu-Soleil Ra). » [3]

      En ce qui concerne l’influence babylonienne, le Dr Hollis fait remarquer que : « le sixième roi de la Première Dynastie de Babylone, Hammurabi, reçut du Dieu-Soleil, au sommet d’une montagne, son célèbre code de lois dont on trouve tant de parallèles dans le Livre de l’Alliance (Exode xx, 28 – xxiii, 19), et que l’influence du mythe et du rituel babyloniens en Palestine, et en particulier celle du Dieu-Soleil babylonien, est indéniable, et cela non seulement avant et au moment de l’invasion hébraïque de la Palestine sous Josué, mais pendant de longs siècles après. Manassé en particulier semble s’être fait le champion de tout ce qui est babylonien et avoir favorisé la renaissance du mythe et du rituel hébreu du Dieu-Soleil d’origine par l’introduction d’éléments solaires spécifiquement babyloniens. » [4]

       Plus tard, il y eut une réaction contre ce culte, mais « la prévalence de l’adoration du soleil en Israël, et en particulier dans le Temple de Jérusalem, est prouvée par les condamnations exprimées en termes non mesurés par les prophètes vers la fin de la période monarchique, et par les tentatives, apparemment quelque peu infructueuses, faites par les réformateurs successifs, pour expulser ce culte hors du Temple et de son enceinte. » [5] « Je voudrais insister, poursuit le Dr Hollis, sur le fait que la raison fondamentale pour laquelle le culte du Soleil a persisté avec tant de ténacité dans l’autorévélation de Yavhé en tant que Dieu-Soleil est qu’il a tenu le devant de la scène et n’a été que progressivement relégué au second plan » [6]

        Tout ceci est intéressant quand on considère la perpétuation dans la Tradition Maçonnique des noms associés au culte solaire en Égypte et à Babylone, et leur combinaison avec le nom du Seigneur Dieu d’Israël comme aspects d’une tri-unité, ainsi que l’importance du Soleil dans son voyage céleste dans le symbolisme maçonnique [7].

       Ne nous méprenons pas sur la signification religieuse du Soleil dans les anciennes traditions religieuses. Ce n’était pas le disque extérieur, l’Aton, qui était adoré (ce que fut vraiment la grande hérésie introduite par Akh-en-Aton en Égypte, qui survécut à peine à son règne) ; Râ, Bel, Sûrya (Inde), Apollon, représentaient le grand principe de la Lumière, La source de toute Vie, l’Illumination divine et la Justice. Pour citer un extrait de l’hymne à Amon-Râ, la divinité cachée et la Lumière auto-existante :

       « Hommage à toi, Râ, Seigneur de la Loi, dont le sanctuaire est caché ; Maître des Dieux, le Dieu Khéper-Râ (Lumière auto-existante) dans son bateau ; par l’envoi de sa Parole, les dieux ont surgi. Salut, Dieu Atmu (Lumière) Auteur des mortels […] Hommage à toi, Auteur de toutes choses, Toi, L’Unique. » [8]

         Cette Lumière incréée avait trois aspects représentés par l’Aurore, le Midi et le Coucher du Soleil, ou les trois stations du soleil dans son voyage diurne, comme dans notre Chemin de Lumière Maçonnique[9]

          « Je suis Atoum le matin,  à midi et Harmakhis le soir. » 

          Le monde extérieur était un miroir en correspondance avec une réalité...

 

M. C. Debenham

Traduit de l’anglais et annoté par Pierre Notuma

(À suivre)

 

La suite de cet article est exclusivement réservée à nos abonnés ou aux acheteurs du numéro 23 des Cahiers de l'Unité

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plan du temple
salomon maitre becerril vers 1525

Salomon

Maître de Becerril vers 1525

Hammourabi face au dieu Shamash

Hammourabi face au dieu Shamash.
Bas-relief figurant au sommet de la stèle du Code.

« Pour que le fort n’opprime pas le faible, pour faire justice à l'orphelin et à la veuve, à Babylone, la ville dont Anu et Enlil ont élevé le faîte, dans l’Esagil, le temple dont les fondements sont aussi stables que les cieux et la terre, pour porter les jugements concernant le pays, pour prendre les décisions concernant le pays, pour faire justice à l'opprimé, j’ai écrit mes paroles précieuses sur ma stèle et je l’ai dressée devant ma statue de “Roi de justice”. » (Épilogue du Code)

stèle du code hammourabi
Amon-Râ

Amon-Râ

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Citation

Pour citer cet article :

M. C. Debenham, traduit par Pierre Notuma, « La Fondation du Saint Temple », Introduction aux Extraits de la correspondance de Clement Stretton (V), Cahiers de l’Unité, n° 23, juillet-août-septembre, 2021 (en ligne).

 

© Cahiers de l’Unité, 2021  

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