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Numéro 17
Janvier, février, mars 2020
édition brochée, 218 illustrations et photographies, couleur, papier couché 120 g, format 19x25, 112 p.
44 €
Revue d'études des doctrines et des méthodes traditionnelles
Cahiers de l’Unité
ÉDITORIAL René Guénon
Dans cette livraison, nous reprenons la publication de la correspondance inédite de René Guénon avec son ami René Humery (1886-1940). Le rôle fondamental que le comte Alexandre Mordvinoff (1887-1950) a eu dans la naissance de la Loge « La Grande Triade » est aujourd’hui bien connu, même si le personnage lui-même l’est peu. En revanche, étant mort sept ans auparavant, celui qu’avait également joué Humery dans l’apparition de celle-ci restait ignoré.
On ne devrait pourtant jamais oublier et toujours saluer ceux qui, à leur rang et suivant leurs possibilités, participent consciemment à la réalisation du « plan du Grand Architecte de l’Univers », c’est-à-dire ceux qui concourent au plan universel tracé par la Volonté suprême. Quel est ce plan ? C’est le retour de tous les êtres et de toutes les choses au sein de l’Unité divine ; participer en conscience à cette réintégration dans le Principe est donc le seul but véritable et nécessaire de la vie humaine. Ce plan n’est ainsi que l’universalisation de la réalisation spirituelle personnelle de chacun. La lettre que nous proposons aujourd’hui montre que si Humery n’a pas pu participer à la fondation de « La Grande Triade », c’est néanmoins grâce à lui et à son projet de Loge traditionnelle, poursuivit obstinément, que s’amorça finalement une reprise des relations entre René Guénon et le comte Mordvinoff, avec le résultat que nous connaissons.
Nous croyons savoir que la correspondance entre Guénon et le comte Mordvinoff a été conservée par sa famille à Paris. Nous formons donc le vœu que celle-ci soit maintenant publiée. Ce qui serait une forme d’hommage rendu au comte et à tous nos amis de la Russie blanche de mentalité traditionnelle. Ce serait aussi l’occasion d’apporter un éclairage sur la vie traditionnelle du comte (1).
Les lecteurs des Études Traditionnelles se souviennent certainement de Jean-Louis Grison (1927-1985). Si son frère Pierre était un remarquable connaisseur du Taoïsme, Jean-Louis pour sa part avait des sujets d’intérêts éclectiques, et parfois peu étudiés en France au point de vue traditionnel. C’est peut-être sa fonction de capitaine au long cours, puis de commandant de navire qui explique son attention portée à des horizons qui nous paraissent lointains, que ce soit les traditions précolombiennes ou celles du Pacifique. Ce qui montre d’ailleurs et encore que, contrairement à ce que prétendait M. Michel Michel (2), les lecteurs de Guénon n’ont certainement jamais restreint leurs travaux aux seules traditions majeures, et cela parce que ce n’était pas le cas de Guénon non plus.
Lecteur qualifié de son œuvre, comme le furent Humery et Mordvinoff, Jean-Louis Grison, avec son frère Pierre, avait consacré à Guénon son premier article paru dans le n° 80 de France-Asie en janvier 1953 (« Deux aspects de l’œuvre de René Guénon ») (3). À Saïgon, dans la même revue, il publiera également d’autres textes : « La doctrine de saint Bernard » (1953), « Le Diwân de Hoceïn Mansûr Hallaj » (1956), « René Guénon et la critique » (1956). C’est en 1964, qu’il commença à collaborer aux Études Traditionnelles, collaboration qui se poursuivra jusqu’en 1977. À la fin de sa vie, il porta un intérêt particulier aux romans arthuriens. Atteint d’une grave maladie et sentant venir sa mort prochaine, Jean-Louis Grison avait envoyé à un de nos distingués amis, qui est également un ami de notre revue, divers documents et manuscrits pour qu’il en fasse ce qui lui paraîtrait le plus utile. Ce dernier, n’ayant malheureusement pas eu la possibilité de s’occuper de ces documents comme il aurait été nécessaire, a pensé que nos Cahiers en ferait un meilleur usage et nous les a remis. Nous l’en remercions. Outre un important manuscrit inédit de plus de 200 pages sur La Table Ronde et le Saint Graal, que nous espérons pouvoir éditer bientôt, il y avait divers articles également inédits dont celui que nous faisons paraître aujourd’hui sur le symbolisme de la Nature.
On pourra aussi lire une étude sur l’interprétation alchimique de La Divine Comédie par M. Erwan Balcus que nous sommes heureux d’accueillir parmi nous pour la première fois.
À la suite de l’étude de M. Benoît Gorlich, « Clé eschatologique du Mahâbharata » parue dans le numéro précédent, il nous a paru opportun de rééditer l’article d’André Préau sur « Kalki, dixième avatâra de Vishnu » publié dans Le Voile d’Isis en 1931. Non seulement parce que M. Gorlich y fait référence et qu’il est devenu difficilement accessible, à l’exception d’une reproduction sur l’internet qui est très fautive et dépourvue de ses notes, mais aussi en raison de son intérêt en lui-même. Il a été enrichi d’une substantielle iconographie qui lui confère une nouvelle dimension.
On lira enfin le texte de M. Jean-François Houberdon sur le symbolisme de « La Cité divine » qu’il a illustré par la traduction de la « Halte 248 » du Kitâb al-Mawâqif de l’Émir ‘Abd al-Qadîr l’Algérien (4). Il indique que cet enseignement de l’Émir est directement inspiré par Les Ordonnances divines (Tadbirât al-ilâhiyyah) du Cheikh al-Akbar, dont un compte rendu de la traduction récemment publiée avait été donné dans le n° 28 de nos Cahiers. M. Houberdon mentionne à cette occasion une indication de Michel Vâlsan à propos de cet ouvrage selon laquelle « le sujet est en réalité une sorte d’équivalent doctrinal islamique de L’Homme et son devenir selon le Vêdânta [...] propre à montrer la parfaite concordance des doctrines islamique et hindoue sur la constitution de l’être humain et sa signification spirituelle ». C’est dire tout l’intérêt de l’éclairage complémentaire qu’apporte aujourd’hui cette traduction annotée du texte de l’Émir.
Julien Arland
Directeur littéraire
1. La Loge Astrée a été installée par les représentants de la Grande Loge de France, avec le rang de Chapitre du 18e degré, mais en 1922 fut ouverte la première Loge russe « bleue » à trois degrés appelée aussi L’Astrée. C’est de celle-ci dont parle Guénon dans ses lettres à propos des émigrés russes. (Cf. Nina Berberova, Les Francs-Maçons russes du XXe siècle, Acte Sud, 1990 ; Vitali Startsev, « Les émigrés russes Francs-Maçons en France (1918-1939) », Slavica Occitania, n° 24, 2007 ; André Combes, « Les relations entre les franc-maçonneries russes et françaises (1905-1945) », Chroniques d’histoire maçonnique, n° 85, 2020)
2. Cf. l’étude critique de son livre décevant intitulé Le recours à la Tradition, dans les Cahiers de l’Unité, n° 27, 2022.
3. Ce numéro de France-Asie consacré à René Guénon a été réédité en 2015 par les éditions Alcor.
4. Une nouvelle traduction du Livre des Haltes est en cours de publication aux éditions Albouraq ; huit volumes sont déjà parus.
juillet-août-sept. 2024
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